Il était une fois,une vieille,une très vieille femme, qui toute sa vie avait eu bien des peines. Cela avait été pour elle, malheur sur malheur…
Son caractère s’était aigri, et nuit et jour,sur la fin de sa vie, elle ressassait tout cela.
Un jour que le druide de son village,enseignait aux villageois réunis autour du grand menhir, et parlait, comme à son accoutumée, de la bonté de la vie…Elle n’y tint plus, se leva, et lui coupa la parole, et cria devant l’assemblée médusée:
« Ce n’est pas vrai, la Vie est Méchante! »
Interloqué, le druide bredouilla:
« Ce n’est pas vrai, on ne peut pas dire cela «
-« Si, si….si….Je le répète, et le répéterais partout: LA VIE EST MECHANTE! »
-« Oserais tu redire cela devant Merlin? » demanda le druide qui ne savait pas quelle contenance prendre.
-« Oui,oui…oui. Je le redirais partout: LA VIE EST MÉCHANTE, je le redirais devant Merlin, devant le roi Arthur même si il le faut, LA VIE EST MÉCHANTE! »
Le druide déconfit rendit compte à Merlin. Celui-ci convoqua la vieille au fond de la forêt, où il avait coutume de se retirer.
La pauvre vieille vint, accompagnée de tous les gens de son village, tous, curieux – le druide en tête- de savoir ce qui allait se passer.
-« Oserais-tu redire ici.. »tonna Merlin,
» oserais-tu redire ici, ce que tu as affirmé au druide de ton village? »
-« Oui,oui,oui…je redirais partout, ici ou ailleurs que LA VIE EST MÉCHANTE! LA VIE EST MÉCHANTE! » tonna la petite vieille, toute courbée sous le poids de ses malheurs.
-« Oserais-tu »lui demanda Merlin « le dire à la terre entière? »
-« Oui, j’oserais! A la terre entière! LA VIE EST MÉCHANTE! »
Alors Merlin lui demanda de la suivre jusque dans la montagne, sur un sommet escarpé d’où l’on pouvait voir d’autres montagnes et des plaines à perte de vue…
Toute l’assemblée avait suivi avec intérêt, se demandant comment cette étrange aventure se terminerait.
Après plusieurs heures d’une rude montée….Soudain tout le monde fut immobilisé face au plus grandiose paysage que l’on puisse imaginer.
Alors Merlin demanda « Et,là devant ces plaines et ces montagnes, devant la terre entière, oserais tu répéter ce que tu as dis au pied du grand Menhir? »
-« Oui, oui, oui, j’oserais »dit la vieille.
Dans un silence grandiose et surprenant, d’une voix vigoureuse pour son âge, rassemblant ce qui lui restait de force, elle hurla presque:
« LA VIE EST MÉCHANTE! LA VIE EST MÉCHANTE »!
Et l’écho au loin,lui répéta:
« LA VIE… AIME… ET CHANTE, LA VIE… AIME ET …CHANTE